Magie et sorcellerie existent depuis les débuts de l'Humanité. Quelque soit le peuple ou le pays, la sorcellerie a toujours été liée à ce qui dépassait le commun des mortels. Si on parle d'abord de shamanisme, de druidisme, il faudra attendre l'Antiquité pour que la sorcellerie et la magie soient désignées comme telles grâce à Hécate, Médée et Circée.
Il est toutefois difficile de se faire une idée de ce qu'était la sorcellerie à cette époque car celle-ci était réprouvée voire même interdite.
Vers l'an 150, à Athènes, il existait une chambre de justice destinée à punir les sorciers. A Rome, l'Empereur Auguste fit rechercher les grimoires et pas moins de deux milles ouvrages furent brûler.
En 364, Valentien et Valence décrétèrent la loi suivante : Quiconque sera découvert ou convaincu d'avoir sacrifié aux démons, de les avoir invoqués pour des enchantements, sera puni de mort.
Jusqu’à la fin du 15e siècle, les sorciers et sorcières étaient considérés comme des devins et guérisseurs et étaient donc indispensables dans les villages où les habitants étaient superstitieux. On ne connaissait rien du corps humain ni de la nature, c’est pourquoi les maladies, la famine, les tempêtes, la mort étaient vus comme des phénomènes surnaturels qu'il fallait combattre. Ceux qui avaient le pouvoir d’entrer en contact avec ces forces étaient donc utiles pour protéger les villageois.
Au 11e siècle, la chrétienté démarra la chasse aux hérétiques dont l'Inquisition augmenta le phénomène.
Vers 1326, le pape Jean XXII rédigea la bulle Super Illius Specula, qui définit la sorcellerie comme une hérésie.
Les premières "chasses aux sorcières" débutèrent vers la fin du 15ème siècle, à la toute fin du moyen-âge. La première vague de répression eut lieu de 1480 à 1520. Mais la plus meurtrière se déroula entre 1580 et 1630 et fut menée par des tribunaux séculiers.
En 1484, le pape Innocent VIII lança la chasse aux sorcières en rédigeant une bulle papale, Summis desiderantes affectibus, qui organisa la lutte contre la sorcellerie et élargit la mission de l’Inquisition aux « praticiens infernaux ».
La persécution fut véritablement lancée à grande échelle après la publication en 1486 du Malleus Maleficarum, par Heinrich Kramer et Jacques Sprenger, deux dominicains. Il s’agissait d’une enquête commanditée par l’Inquisition qui décrivait les sorcières, leurs pratiques, et les méthodes à suivre pour les reconnaître. Le Malleus Maleficarum, ou Marteau des sorcières, fut un véritable succès avec près de trente éditions latines entre 1486 et 1669. Bien que rapidement rejeté par l’Inquisition et par l'Église catholique qui l'interdit en 1490, le manuel servit de référence à la justice séculière qui condamnait les sorciers.
À la suite de la publication de cet ouvrage commença un mouvement d’arrestations systématiques dans toute l’Europe. Principalement en Allemagne, en Suisse et en France, mais également en Espagne et en Italie. Les tribunaux des régions catholiques mais surtout des régions protestantes envoyèrent les sorcières au bûcher. On estima le nombre de procès à 100 000 et celui des exécutions à environ 50 000.
80% des victimes de ces procès en sorcellerie étaient des femmes. Les premières à être soupçonnées furent les vieilles et les laides, mais aussi les trop belles et surtout les trop libres. Dès qu’une épidémie apparaissait, le peuple cherchait une coupable parmi cette communauté de femmes libérées de la tutelle d'un homme.
Le simple commérage suffisait à faire une réputation de sorcière. Les inquisiteurs étaient donc attentifs aux rumeurs et incitaient à la dénonciation de celles et ceux qui étaient soupçonnés de pratiques hérétiques ou magiques.
Lorsqu’une femme se trouvait suspectée, elle avait bien peu de chances de s’en sortir car les « procès » n’étaient pas équitables. Deux témoignages étaient considérés en général comme une preuve de culpabilité. Les accusées devaient répondre aux accusations, et bien souvent on n’accordait pas crédit aux propos d’une personne dont on pensait qu’elle parlait sous l’emprise du démon.
Les inquisiteurs tentaient par tous les moyens d’obtenir des aveux et si c’était nécessaire, on utilisait la torture physique.
Un moyen horrible de savoir si une femme était une sorcière consistait à la jeter nue à l’eau, les mains et pieds attachés ensemble. Une sorcière étant - en théorie - plus légère que l’eau, si elle flottait, elle était aussitôt repêchée et brûlée vive. Si elle se noyait, c’est qu’elle était morte innocente.
Magie et Sorcellerie existent toujours même si les sorciers et sorcières sont un peu moins nombreux qu'il y a quelques siècles. Les croyances ont également beaucoup évolué au point qu'aujourd'hui, la sorcellerie n'est plus rendue responsable des épidémies et des intempéries. En revanche, certaines croyances et superstitions, comme ne pas passer sous une échelle par exemple, ont toujours la vie dure...
Le temps des persécutions et de la chasse aux sorcières a beau être terminé depuis longtemps, ceux pratiquant la sorcellerie veillent à ne pas attirer l'attention sur eux en gardant secret le fait qu'ils ont la magie dans le sang.